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Moments d’éternité

09/05/2024

Le cyclisme est cruel, on le sait depuis toujours, et ça participe de son immense beauté. Jeudi, les 165 coureurs toujours présents sur les routes de la Corsa Rosa ont souffert sur les superbes routes et chemins blancs de Toscane. Julian Alaphilippe (Soudal Quick-Step), particulièrement, s’est dépouillé de la première à la dernière heure, en quête de son premier succès depuis juin 2023. Luke Plapp (Jayco-AlUla) a fait briller son maillot de champion d’Australie, qu’il rêvait d’effacer au profit de la Maglia Rosa… Et à l’arrivée, Pelayo Sanchez (Movistar) a triomphé pendant que Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) conservait la tête du classement général.

La disette d’Alaphilippe s’étend à 339 jours, malgré tous ses efforts sur les routes de Toscane qu’il chérit tant. Incrédule, Sanchez ouvre son compteur en Grand Tour, trois mois et demi après avoir lancé sa saison victorieusement sur le Trofeo Pollença. À 24 ans, il met un terme à une longue disette : aucun Espagnol ne s’était imposé sur les routes de la Corsa Rosa depuis Pello Bilbao à Monte Avena en 2019. L’Asturien en restait “sans voix”.

Quant à Plapp, il a vécue “une journée folle”, mais la Maglia Rosa est restée virtuelle pour l’Australien, qui devait reprendre 2’33’’ à Pogačar. L’écart a bien atteint les 3’30’’ en cours d’étapes, mais il ne restait plus que 29’’ à l’arrivée. À la veille du premier contre-la-montre de ce Giro 2024, Pogačar endosse sa cinquième Maglia Rosa ce qui fait de lui l’égal, entre autres, de Filippo Ganna (Ineos Grenadiers) dans ce registre. Le Slovène aussi a passé une belle journée sur les routes des Strade Bianche, où il a signé deux démonstrations en 2022 et 2024.

Grande bataille du départ à l'arrivée

Cette fois, ce sont les attaquants au très long cours (Pogačar n’avait fait “que” 80 kilomètres en tête pour s’imposer à Sienne il y a deux mois) qui ont eu le dernier mot. À coups d’attaques, contre-attaques et relances, les premiers kilomètres ont été engloutis : 47,2 km/h de moyenne après deux heures de course, dans un départ marqué notamment par la longue ascension de Volterra.

Au sommet, Alaphilippe occupait déjà les avant-postes mais la Maglia Rosa de Pogačar suivait à seulement 13 secondes… C’est dans la transition vers les chemins blancs (3 secteurs concentrés dans les 50 derniers kilomètres) que les baroudeurs ont fini par faire la différence, non sans mal. Neuf hommes ont fini par creuser un écart de 3’30’’. Pas grand chose, mais suffisant pour rêver dans ces circonstances, d’autant que le peloton manoeuvrait sans lancer de grandes opérations.

Les Ineos Grenadiers et les UAE Team Emirates se sont partagés les responsabilités de la poursuite pendant que Sanchez, Alaphilippe et Plapp distançaient tous leurs rivaux. L’Espagnol manquait de partir à la faute dans un rond-point à 11 km du but mais il s’accrochait, répondait à ses compagnons plus chevronnés et, finalement, imposait son explosivité dans les rues de Rapolano Terme. Cruel dénouement pour Alaphilippe. Mais superbe journée de cyclisme.

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