Le Giro change des carrières, et même des vies. C’est vrai depuis l’édition inaugurale, en 1909, ça s’est vérifié la première fois que la Corsa Rosa s’est engagée dans le Valais, en 1952, et c’était encore le cas samedi, entre Sierre et Cassano Magnago. Après 199 kilomètres de combat, Bruno Armirail (Groupama-FDJ) découvre le bonheur d’un maillot de leader en endossant la Maglia Rosa. Et Nico Denz (Bora-Hansgrohe) est un double vainqueur d’étape sur un Grand Tour, lui qui n’avait jamais connu pareil bonheur avant cette semaine.
Les deux hommes ont mené l’assaut parfait au royaume des échappés. Depuis le début de ce Giro, c’est la septième fois en quatorze étapes (dont deux contre-la-montre) qu’un attaquant de la première heure triomphe, et même la troisième fois d’affilée. Cette série a été inaugurée par le même Denz à Rivoli, où il avait pris le meilleur sur Toms Skujins (Trek-Segafredo) et Sebastian Berwick (Israel Premier Tech). Cette fois, il a devancé l’omniprésent Derek Gee (Israel Premier Tech) et le vaillant Alberto Bettiol (EF Education-EasyPost) dans un final à la tension extrême, qui a vu Denz et une poignée d’hommes forts rentrer dans le dernier kilomètre sur un trio échappé depuis 50 kilomètres.
Dans le même temps, le calme régnait dans le peloton. Membre d’une échappée de 29 coureurs qui a explosé dans les 60 derniers kilomètres, Armirail a franchi la ligne avec un retard de 53’’. Les minutes se sont écoulées. Après 19’30’’, le Français est devenu leader du Giro. Après 21’11’’, Geraint Thomas (Ineos Grenadiers) a franchi la ligne d’arrivée au sein du groupe principal.