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Une journée à travers le temps

11/05/2021

Jusqu'aux années 1920, le cyclisme s'apparentait surtout à des exploits de résistance plutôt qu'à une course à haute vitesse. Aujourd'hui, le Giro d'Italia est remonté au temps des pionniers.

Il y a quelque chose de fondamentalement honnête chez Remco Evenepoel. Avant l’étape, interrogé sur ses sensations après avoir impressionné Filippo Ganna en grimant sur le grand plateau, il a calmé le jeu.

“Je ne sais pas. Peut-être que j’ai simplement oublié de changer de vitesse.”

À 20km de l’arrivée de la 4e étape, la caméra a traversé la pluie pour se concentrer sur le visage du jeune Belge. Il ne portait pas de lunettes sombres, et le stress ornait de noir son regard à l’affut. C’est à ce moment qu’on a compris la nature de ce à quoi on assistait : un long supplice à l’ancienne.

C’est seulement après quelques décennies d’histoire cycliste (certains avec les années 1920 avec les frères Pélissier et des hommes comme Ottavio Bottecchia) que la vitesse est devenue l’élément principal du cyclisme. Jusqu’alors, cela s’apparentait plutôt à une expédition de marche vers le pôle sud. On explorait toutes les qualités humaines hormis la capacité de rouler sur son vélo à 40, 50 ou 60 kilomètres par heure, heure après heure.

Le Tour de France, qui s’est rapidement arrogé le mois de juillet, revient rarement à ses origines éprouvantes. Mais, sans même parler des Alpes et des Dolomites, les Apennins italiens peuvent se montrer cruels en mai, et les étapes vallonnées à faible altitude peuvent faire plus de dégâts que les longues ascensions exposées en vitrine. Vous vous souvenez du carnage de l’étape qui partait et arrivait à Cesenatico l’an dernier ?

À 5km de l’arrivée, on regardait dans les yeux de Davide Formolo et on voyait un homme proche du désespoir. C’est seulement alors qu’on s’est rendu compte que João Almeida, si impressionnant l’an dernier et à nouveau cette année dans le chrono d’ouverture, était en train de perdre du terrain. Il allait finir l’étape à la 49e place, à 4’21” d’Egan Bernal, affuté jusqu’à la moelle, mais un des plus résistants dans ces conditions aujourd’hui. À 5,5km du but, Ciccone a attaqué. Un kilomètre plus loin, Landa s’est lancé à sa poursuite. À 3km de l’arrivée, Vlasov a jailli du groupe, avec Caruso dans sa roue. Puis Bernal a émergé du cocon de ses équipiers, pour fondre comme un rapace. Il a laissé le Russe impuissant et, en quelques secondes, on le retrouvait au côté de Landa et Ciccone. Carthy les rejoignait, suivi par Vlasov. Bernal accélérait à nouveau, mais il n’avait plus de pente pour faire la différence, et il a dû se contenter de dominer au sprint ses compagnons à l’arrivée. C’était la première fois qu’on retrouvait ses accélérations étourdissantes en montée depuis le Tour de France 2019. Ça ne lui a fait gagner que 11 secondes sur Remco aujourd’hui, mais la résilience qu’il a démontrée dans ces conditions éprouvantes est un bel augure pour ses ambitions sur ce Giro d’Italia.

Avant l’arrivée de Bernal, 1’37” plus tôt précisément, Joe Dombrowski signait sa première victoire professionnelle en dehors des États-Unis, après avoir pris la bonne échappée de 25 coureurs.

Derrière lui, son compagnon d’échappée Alessandro De Marchi prenait la Maglia Rosa.

“C’est le rêve de tout cycliste, surtout si vous êtes Italien, même si j’avais j’avais peur d’avoir laissé passer ma chance au milieu de la course, lorsqu’il y avait trois gars devant avec une bonne avance. Mais le vieil adage ‘n’abandonne jamais’ s’est révélé juste aujourd’hui.”

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