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Les échelles du temps

29/05/2021

Le monde est constitué de multiples formes de temps : le temps d'avant et celui d'après, le temps terrestre et le temps divin, le temps des ancêtres, le temps du rêve, le temps du jugement, et tous coexistent dans une simultanéité étrange.

Et, à la fin des temps, il y a, pour certains, un compte-rendu, une élévation, et ensuite, peut-être, plus aucun temps. Alors le monde est comme le Giro qui, cette année au moins, voit ce dernier jugement s’étirer sur deux jours.

Le premier chapitre s’ouvrait et se terminait avec deux sprints intermédiaires qui ont été parmi les moments les plus intéressants de l’étape. Quand Dries De Bondt a suivi Umberto Marengo en début d’étape, à Cannobio, il s’est assuré le classement Traguardo Volante. Peter Sagan n’avait pas besoin de suivre ce sprint, mais il l’a fait, peut-être pour adresser un clin d’oeil à son agent, Giovanni Lombardi, qui a remporté une étape du Giro à Cannobio en 2003. De quoi lui assurer pour de bon la Maglia Ciclamino. Ce Giro n’est peut-être pas la démonstration de force la plus éclatante du Slovaque, mais bon nombre de professionnels se réjouiraient d’une victoire d’étape et d’un maillot distinctif sans donner leur pleine mesure.

Vainqueur du classement Traguardo Volante l’an dernier, Simon Pellaud a pris l’échappée du jour pour s’assurer cette fois la victoire du prix Fuga Bianchi. Geoffrey Bouchard prenait lui la sixième place au Passo San Bernardino, avec 4 points à la clé, et Bernal devait alors passer en tête au sommet des deux dernières ascensions pour priver le Français de la Maglia Azzurra.

Dans la descente, les coureurs du Team DSM ont attaqué à 57km de l’arrivée, avec Chris Hamilton et Michael Storer pour accompagner Romain Bardet. D’instinct, Damiano Caruso a suivi. Il a été bien inspiré. Bilbao a assuré le tempo dans la descente du Passo dello Spluga, puis Caruso a distancé Bardet juste avant le deuxième sprint intermédiaire, à Madesimo, à 2,5km de l’arrivée. L’Italien est passé seul, décrochant 3 secondes de bonus, et il a poursuivi son effort vers une victoire spectaculaire. Derrière lui, Dani Martinez, le dernier domestique d’Egan Bernal, s’écartait pour permettre à son leader de prendre la dernière seconde disponible (Bardet était toujours intercalé) avant de reprendre la tête du groupe. Les Colombiens étaient encore lucides, tout en imposant un rythme qui allait bientôt distancer Simon Yates et João Almeida.

Martínez a permis à la Maglia Rosa de reprendre Bardet sous la flamme rouge, puis Bernal a jailli pour limiter ses pertes son rival le plus proche. Il a concédé 24 secondes à Caruso sur la ligne, et 4 secondes de bonifications. Le rival qu’il craignait le plus, Simon Yates, finissait à 51” de Bernal, et perdait également 6 secondes de bonifications.

Après l’étape, Egan admettait : “Ce n’est pas le meilleur scénario quand le deuxième au général a près d’une minute d’avance, mais j’avais encore des équipiers, donc j’ai essayé de les utiliser bien pour garder autant de fraîcheur que possible pour la dernière ascension et pour demain. Je pense qu’on a bien géré la situation.”

Sa gestion servait aussi Dries De Bondt : c’est seulement une fois que Caruso gagnait l’étape que le champion de Belgique se retrouvait également assuré de remporter le prix Combattività.

Le dernier bilan se fera demain dans le contre-la-montre de 30,3km. Egan Bernal part avec 1’59” d’avance sur Caruso. Le Sicilien a été 6,46” plus rapide dans le premier chrono, soit 0,722” par kilomètre. À ce même rythme, Bernal perdrait 21,9” demain. Si son coéquipier Filippo Ganna, récompensé de ses efforts par un départ à domicile aujourd’hui, peut remporter l’étape comme attendu, ce sera une bien belle maîtrise des temps.

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