La dernière fois que le Giro d’Italia est passé par le Col de Joux remonte à 2012, lors de l’étape Cherasco – Cervinia de 209 km. Le versant était différent de celui emprunté en 2025 mais il s’agissait, déjà, de la dernière difficulté de la journée.
En réalité, en 2012, cette étape alpine tant attendue a finalement accouché d’une souris. L’échappée s’est imposée à Cervinia et, derrière, les grands favoris sont restés pratiquement immobiles, un attentisme malheureusement caractéristique d’une édition de la Corsa Rosa peu spectaculaire. Trois coureurs se sont battus pour la victoire d’étape, Andrey Amador, Jan Barta (qui a franchi le premier le Col de Joux) et Alessandro De Marchi, encore inexpérimenté mais qui, à force d’attaques lointaines, commençait à se faire connaître du grand public. Malgré une succession d’attaques, les trois coureurs se sont disputé la victoire au sprint. Le Costaricien s’est montré le plus rapide pour remporter sa première victoire chez les professionnels (il terminera 4e au classement général du Giro en 2015).
“Amador, lors de sa troisième échappée dans ce Giro, bat le Tchèque Barta et le Frioulan De Marchi”, écrit le Corriere della Sera. “Andrey a été volé et sévèrement battu par des bandits au Costa Rica alors qu’il s’entraînait il y a un an et demi, et il se relève comme un seigneur : une belle histoire pour coucher les enfants, dans un Giro d’Italia encore endormi.”
Derrière, en effet, il ne s’est pas passé grand-chose, même si le peu d’action suffit à se révéler décisif pour le classement général. Joaquim “Purito” Rodriguez portait la Maglia Rosa. Tout le monde s’attendait à des attaques d’Ivan Basso ou de Michele Scarponi, qui ont au contraire couru en retrait, et c’est Ryder Hesjedal, sous-estimé, qui a pris tout le monde à contre-pied. Le Canadien avait porté la Maglia Rosa pendant trois jours avant de la perdre dans la montée vers Assise, mais les grands noms ne le considéraient toujours pas comme une véritable menace pour le classement général.
Hesjedal attaqua, Purito le laissa faire et le futur vainqueur du Giro gagna 26 secondes sur la ligne d’arrivée, reprenant ainsi la Maglia Rosa. Rodriguez la reprendra le lendemain à Pian dei Resinelli et la conservera jusqu’au dernier jour, où il sera à nouveau dépassé par Hesjedal dans le contre-la-montre de Milan. Dans un Giro sans bonification dans les étapes de montagne, Purito perdra la course pour 16 secondes.