Cela semble impossible, mais la dernière étape du Giro d’Italia qui s’est terminée à Sienne remonte à 1986. Certes, la ville toscane a trouvé ces dernières années une vitrine exceptionnelle dans le domaine du cyclisme, avec les Strade Bianche, mais il est assez inhabituel qu’un endroit aussi beau et emblématique n’ait pas accueilli l’arrivée d’une étape de la Corsa Rosa pendant près de 40 ans.
La dernière fois, en 1986, un contre-la-montre reliait Sinalunga à la Piazza del Campo (46 km). Le Polonais Lech Piasecki s’était imposé, devançant à la surprise générale Roberto Visentini et Giuseppe Saronni. Bien qu’il fût le champion du monde amateur en titre, personne ne s’attendait à un tel exploit pour son premier Giro ; Piasecki remportera toutefois cinq étapes du Giro d’Italia au cours de sa carrière, faisant apprécier sa puissance. “Moustache noire, cheveux courts, visage rond. Difficile de le voir sourire, mais hier, après le contre-la-montre, Piasecki riait comme un enfant”, peut-on lire dans les chroniques de l’époque. Le Polonais était arrivé en Italie quelques mois auparavant, recommandé par l’entraîneur soviétique Viktor Kapitonov qui “voulait se débarrasser de lui” dans les courses de l’Est parce qu’il gagnait tout. Il s’était installé à Manerba sul Garda et allait devenir l’un des fidèles de Saronni, qu’il suivrait jusqu’à la fin de sa carrière.
Le contre-la-montre de Sienne marqua cependant aussi le déclin de Francesco Moser. “Le chronomètre sonne le glas de Moser”, titrait sans pitié le Corriere della Sera. Après sa victoire en 1984 et sa deuxième place en 1985, le Shérif partait favori dans ce contre-la-montre, mais il ne parvint pas à faire mieux que 10e.
“Depuis hier, un drapeau blanc flotte sur le mât du Giro d’Italia. Il a été hissé par Francesco Moser, le ‘guerrier’ protagoniste de mille batailles. Les contre-la-montre étaient le terrain où il excellait, où il savait donner le meilleur de lui-même. Cette fois-ci, il a sombré de manière retentissante.” Pour la petite histoire, Moser a terminé ce Giro d’Italia à une honorable troisième place, derrière Roberto Visentini et son rival Giuseppe Saronni, mais, à 35 ans, ses meilleures années étaient déjà derrière lui.