Nicolas Prodhomme s’est présenté à la Grande Partenza du 108e Giro d’Italia dans la forme de sa vie. En principe, une grande condition doit permettre au Français de 28 ans de mettre ses talents de grimpeur au service du collectif ; c’est ainsi qu’il s’est, tardivement et modestement, fait une place dans le peloton professionnel. Mais la course, et tout particulièrement la Corsa Rosa, fait valdinguer tous les principes. Vendredi, sur la route de Champoluc, Prodhomme s’est imposé en champion pour remporter la 19e étape du Giro d’Italia 2025.
À près d’une minute, Isaac Del Toro prenait la deuxième place devant Richard Carapaz. Le duo sud-américain a distancé tous ses rivaux dans le final mais, premier et deuxième du classement général, ils sont restés ensemble à la veille de la dernière grande explication, par-delà le Colle delle Finestre. Devant eux, Prodhomme était dans un autre monde.
Transporté par les émotions, le Français rappelait que sa carrière professionnelle n’a tenu qu’à un fil. Pendant qu’il poursuivait ses études, il multipliait les allers-retours entre amateurisme et professionnalisme, à la faveur de stages dans différentes équipes, avant que la structure AG2R lui donne sa chance pour de bon en 2021, à 24 ans. Depuis, il n’a de cesse de progresser.
Prodhomme plus fort que Tiberi
Modeste équipier dans un premier temps, de plus en plus essentiel au fil des ans, il est même devenu un vainqueur le mois dernier, en remportant la 5e étape du Tour of the Alps, son premier succès professionnel, offert par Paul Seixas. “Je sais que je vais encore progresser, j’aurai sans doute d’autres occasions d’aller en chercher”, expliquait le tout jeune champions. “(Nicolas) marche très fort, mais on ne sait jamais.”
Nul ne pouvait savoir, qu’un mois plus tard, Prodhomme livrerait une superbe partition de soliste dans le Val d’Aoste. Dès le départ de Biella, où beaucoup s’attendaient à voir les favoris pour le général se jouer l’étape quelques heures plus tard, le Français se lançait à l’attaque, enchaînant les relais avec Cattaneo, Steinhauser et Lemmen pour fausser compagnie à un peloton déchaîné à leurs trousses.
Le quatuor allait tenir bon mais pas moins de 30 coureurs allaient les rejoindre, au prix d’efforts bien moindres. On retrouvait notamment Carlos Verona et Antonio Tiberi, parmi les grimpeurs les plus en vue de ce Giro. Au fil des ascensions, ils étaient les derniers à accompagner Prodhomme au moment d’attaquer la montée du Col de Joux. À 8 km du sommet, le Français s’envolait. Mais le groupe Maglia Rosa se faisait menaçant.