Participer au Giro d’Italia change une carrière, même pour ceux qui n’ont pas trouvé le succès sur les routes italiennes. Cette année, Paul Magnier est rentré fanny de la Corsa Rosa, où il découvrait à 21 ans l’exigence des Grands Tours. Cinq mois plus tard, il vient de boucler sa saison en Chine, à près de 10.000 kilomètres de Rome. Et la liste de ces succès est étourdissante : 19 victoires en 2025, soit le deuxième score le plus élevé, à seulement une longueur de Tadej Pogačar. Le légendaire Slovène semblait hors-concours… Le jeune Français a montré qu’il pouvait lui aussi enchaîner les succès, avec une supériorité époustouflante. Le meilleur reste certainement à venir. Mais le Giro 2025 a d’ores et déjà marqué un tournant majeur dans son parcours.
Au mois de mai, Magnier venait pour découvrir. Il venait de fêter son 21e anniversaire et redécouvrait la Corsa Rosa, en taille réelle cette fois, après avoir illuminé le Giro Next Gen en 2024. Le jeune loup est un grand ambitieux, insouciant et rigolard. Et son talent incandescent avait déjà fait mouche chez les pros, avec cinq victoires l’an dernier, et un nouveau succès sur l’Étoile de Bessèges pour ouvrir la saison 2025. Le compteur affichait donc six succès professionnels au moment de se présenter en Albanie, pour la Grande Partenza du Giro 2025. Il s’est depuis largement emballé.
Magnier a pourtant subi sur les routes albanaises et italiennes. On pouvait s’y attendre, malgré la confiance placée en lui par son équipe. La Soudal Quick-Step est experte dans la propulsion de nouveaux talents du sprint mais la marche était haute pour le jeune Français, qui s’est enquillé une préparation spécifique dans l’espoir de se mettre au niveau des Pedersen, Kooij et autres Groves ou Van Uden alignés ce printemps sur le Giro. Magnier s’est contenté d’un podium à Naples (6e étape) avant de se retirer à l’aube de la troisième semaine : “Il est temps de se reposer et de récupérer.”
La pause n’a pas été longue – moins de deux semaines sans compétition. Mais Magnier a immédiatement tiré profit du travail effectué pour et sur le Giro : victoire dès sa reprise sur la Heistse Pijl. Une semaine plus tard, il triomphait de Dwaars door het Hageland. Et il récidivait le lendemain sur l’Elfstedenronde Brugge. Digne de l’héritage des plus grands sprinteurs, Magnier montrait qu’un succès en appelle un autre, et encore un, etc, jusqu’à atteindre les 19 succès en remportant cinq des six étapes du tout récent Tour de Guangxi, après avoir notamment débloqué son compteur WorldTour sur le Tour de Pologne.
Depuis le GP de Fourmies, mi-septembre, la moisson est hallucinante : 14 victoires en 18 jours de course. Et ses belles performances sur la Cyclassic (3e) et la Bretagne Classic (4e) ont également rappelé son goût pour les courses d’un jour. On l’imagine aisément revenir victorieusement sur le Giro. Mais Milano-Sanremo a également tout pour plaire à la nouvelle star du sprint français, digne successeur d’Arnaud Démare.