Dis-moi qui tu as battu, je te dirai qui tu es, nous rappelle un adage vieux comme le monde cycliste, et même un peu plus. Le tout jeune Isaac Del Toro s’imaginait certainement aligner Wout van Aert au moment d’étrenner son palmarès sur les Grands Tours, dimanche à l’arrivée de la 9e étape du Giro d’Italia. Le Mexicain s’avançait dans les rues de Sienne après avoir virevolté sur les “strade bianche” toscanes. Une victoire historique lui tendait les bras, devant un des plus grands champions de ce siècle… Elle s’est envolée dans les tout derniers mètres de la Via San Caterina.
Sur cette voie pavée, dernier défi après les chemins blancs, Van Aert est un maître. Dès 2018, il se révélait au monde routier sur ces mêmes pentes, 3e agonisant dans une édition boueuse. Le Belge allait revenir, il allait s’imposer, en 2020. Et dimanche, il a accroché son premier succès sur le Giro, son treizième sur un Grand Tour, pour compléter sa collection de bouquets après ceux décrochés sur le Tour de France (6 étapes) et La Vuelta (3 étapes). La 50e victoire de sa carrière est également une libération, huit mois après son dernier succès, sur les routes espagnoles.
Quant à Del Toro, avec sa deuxième place et sa démonstration du jour, il a pris rendez-vous. Dès mardi, il sera en pleine lumière Rosa : il est le premier coureur mexicain à prendre la tête du classement général sur un Grand Tour. Il est, aussi, à 21 ans et 173 jours le plus jeune porteur de la Maglia Rosa au 21e siècle. Pour trouver un leader plus jeune, il faut remonter à 1981, lorsque Guido Bontempi prenait le pouvoir à Bibione.