La révolution du Colle delle Finestre

La révolution du Finestre

L’ascension du Colle delle Finestre est une horreur. Simon Yates est peut-être le mieux placé pour en témoigner : il y a sept ans, sur l’édition 2018 de la Corsa Rosa, le Britannique y a vécu la pire journée de sa carrière, victime d’une grande défaillance qui l’avait vu rallier l’arrivée avec près de 40 minutes de retard sur le vainqueur du jour, son compatriote Chris Froome. Alors qu’il dominait la course de la tête et des épaules, Yates avait tout perdu sur ce sommet perché à 2.178 mètres d’altitude (une hauteur digne de la Cima Coppi), qu’on atteint via des pentes flirtant avec les 10%, sur une route qui devient un chemin de terre dans les derniers kilomètres.

Depuis cette étape légendaire, on n’avait plus vu le Finestre sur le Giro. On n’avait également plus vu Yates porter la Maglia Rosa, qu’il avait fait sienne pendant 14 jours.

Sept ans plus tard, le Finestre est toujours aussi redoutable. Mais le Britannique l’a conquis, samedi, à l’occasion de la 20e étape du Giro d’Italia 2025, également appelée à rester dans les mémoires. Au départ de Verrès, le leader de l’équipe Visma-Lease a Bike avait 1’21’’ de retard sur Isaac Del Toro, leader du classement général depuis onze étapes. À l’arrivée à Sestrières, qu’il atteignait avec 1’57’’ de retard sur le vainqueur du jour, l’Australien Chris Harper, Yates avait renversé le Giro. Del Toro est repoussé à 3’56’’.

Harper dans l’échappée, Van Aert aussi

Seul le Giro, avec sa montée en pression au fil des trois semaines de course, offre de tels scénarios pour faire de la Corsa Rosa et de sa dernière semaine un sommet d’émotions. Pour la quatrième fois sur les six dernières années, le leader du classement général et son premier poursuivant étaient séparés de moins d’une minute au départ de la 20e étape. Et pour la quatrième fois, le porteur de la Maglia Rosa était renversé.

Entre les favoris, tous s’est joué sur les terribles pentes du Colle delle Finestre. Mais l’étape s’était décantée depuis longtemps, avec 205 km à parcourir depuis Verrès. Les attaquants passaient rapidement à l’action. Mais il fallait 42 kilomètres pour voir une échappée de 31 coureurs s’établir aux avant-postes. Parmi eux, Harper allait se révéler le plus fort, distançant tous ses compagnons et notamment Alessandro Verre (2e de l’étape à 1’49’’) sur les pentes du Finestre pour s’imposer après un solo de 32 kilomètres.

Wout van Aert était également aux avant-postes. Plutôt que la victoire d’étape, le Belge espérait aider son leader Yates pour conquérir la Maglia Rosa dans le final de l’étape. Les hommes de Richard Carapaz (EF Education-EasyPost) prenaient pour leur part les commandes du peloton.

Le grand déchirement

Dès les premières pentes du Finestre, l’échappée se déchirait. Au même endroit, mais avec huit minutes de retard, Carapaz passait à l’attaque. Le grand affrontement, à couteaux tirés, était lancé.

Del Toro a suivi, Yates est revenu. Et le Britannique a contré, à 15 km du sommet. Derrière lui, Carapaz et Del Toro se sont déchirés. Et, après avoir longtemps tourné autour de 15 secondes, l’écart a fini par enfler, pour atteindre 1’35’’ au sommet.

Dans la descente, Yates rejoignait Van Aert. Del Toro échouait à obtenir la collaboration de Carapaz. L’affaire était entendue, pour cette fois. Sur la ligne, le jeune Mexicain tirait son chapeau. Mais on a hâte de le voir se mesurer à nouveau au Colle delle Finestre.