Ayuso, petit prince devient grand

À quel âge devient-on un champion ? Avec Juan Ayuso, on a l’impression que l’Espagnol est animé depuis toujours par une irrépressible soif d’imposer sa supériorité. À 22 ans, l’Espagnol a déjà eu le loisir d’étaler sa classe sur quelques-unes des plus grandes courses du monde (et notamment un premier podium sur La Vuelta avant même son 20e anniversaire)…

Vendredi, dans le décor majestueux des Abruzzes, il s’est offert le plus grand succès de sa très jeune carrière : la 7e étape du Giro d’Italia 2025, Castel di Sangro – Tagliacozzo (168 km), le premier grand test pour les prétendants au classement général.

Roglič contrôle

“Je savais ce que je devais faire”, observait le jeune gourmand, lucide et sûr de ses forces. Toute la journée, il est resté sagement calé dans la roue des hommes de Primož Roglič (Red Bull-Bora-Hansgrohe), déterminés à contrôler l’étape et notamment à empêcher Jay Vine ou tout autre coureur de l’équipe UAE Team Emirates-XRG de prendre l’échappée du jour. Après un bel affrontement sur les pentes emblématiques de Roccaraso (Bernard Hinault y a notamment signé son premier succès sur le Giro), six coureurs s’échappaient, sans Vine mais avec Nicolas Prodhomme.

Problème pour eux : les Red Bull-Bora-Hansgrohe maintenaient un écart réduit. Et quand les hommes de Roglič desserraient un peu l’étreinte, on retrouvait la Lidl-Trek, avec Mads Pedersen en personne, pour embrayer. Pour sa cinquième journée avec la Maglia Rosa, le Danois s’attendait à perdre la tête du classement général. Mais ça ne l’a pas empêché d’étaler une nouvelle fois sa classe.

Dans l’ascension finale, les Ineos Grenadiers et Bahrain Victorious ont fait monter la pression, condamnant l’échappée à 5 km du sommet. Et pendant ce temps-là, où étaient les UAE Team Emirates ? Ils attendaient leur heure, et les 2,6 derniers kilomètres du jour, les plus redoutables avec une pente moyenne de 9,1%.

Bardet et Gaudu tombent

L’Abruzzais Giulio Ciccone a bien tenté de faire la différence, sans succès. Puis Ayuso s’est dressé sur les pédales à 600 mètres de l’arrivée. Personne n’a pu le suivre. Dans son sillage, son partenaire mexicain Isaac Del Toro (encore plus jeune : 21 ans !) prenait la deuxième place, suivi par Egan Bernal, qui s’était imposé lors du seul précédent départ d’étape du Giro, en 2021. À 24 ans, le Colombien était lancé vers sa deuxième victoire sur un Grand Tour, déjà. Aujourd’hui, il redevient un champion, après son terrible accident de 2022 : on ne l’avait plus vu dans le top 3 d’une étape de Grand Tour depuis quatre ans.

Roglič retrouve pour sa part la Maglia Rosa, qu’il avait déjà portée en fin de semaine dernière lors de la Grande Partenza albanaise. Plus âgé qu’Ayuso de 13 ans, il peut devenir le coureur le plus âgé à remporter le Giro.

Romain Bardet, lui, n’est pas venu en Italie pour jouer le général mais plutôt pour se faire plaisir en jouant de grands coups à l’occasion de son dernier Grand Tour. Mais le Français a été pris dans une chute avec son compatriote David Gaudu. Le premier est touché au genou gauche, le deuxième à la main droite. Espérons qu’ils pourront vite récupérer.